Continuons à faire résonner l’orgue de Fourvière

La restauration de l'orgue de Fourvière sera bientôt achevée. C'est l'occasion de découvrir le témoignage de Michel Jurine, facteur d'orgues, qui travaille depuis plusieurs mois au sein de la basilique Notre-Dame de Fourvière.

L’orgue de la basilique de Fourvière a été construit en 1896 par le facteur lyonnais Charles MICHEL-MERKLIN qui était le gendre et le successeur à Lyon du grand facteur d’orgues d’origine badoise Joseph MERKLIN. L’instrument a connu plusieurs restaurations et transformations ; la première dès 1921 conduite par le facteur parisien Charles MUTIN, la seconde en 1931 par Auguste CONVERS, successeur de Charles Mutin.

En règle générale, on restaure en profondeur un orgue une fois par siècle ; c’est un travail conséquent qui nécessite le démontage complet pour un retour en atelier avec la restauration systématique de tous les éléments : tuyauterie bois et métal, sommiers, réservoirs, traction des notes, traction des jeux, console des claviers, etc… Pour l’orgue de Fourvière, la restauration du siècle a été réalisée en 1995-1996 par la manufacture nantaise Jean RENAUD, sous la direction de Michel JURINE, chef d’atelier et harmoniste de la maison. A cette occasion, dix jeux neufs furent apportés et une mise en harmonie complète, sur la base de pressions beaucoup plus fortes, fut réalisée par Michel Jurine.

Les travaux actuels, réalisés en deux tranches afin de ne pas immobiliser l’instrument, sont désignés sous le vocable de « relevage ». Ils ont consisté en une dépose de l’ensemble de la tuyauterie, un nettoyage de toutes les parties de l’orgue, une remise en peau de tous les petits soufflets et composants pneumatiques, puis, une repose de tous les tuyaux sur les sommiers. Mais, en sus de l’opération de relevage, nous avons modernisé les éléments de traction des notes et des jeux qui étaient de type électropneumatiques ; nous les avons remplacés par des électroaimants directs pour les soupapes des notes et par des solénoïdes de forte puissance pour manœuvrer les registres coulissants. C’est l’entreprise Dièse-Info de Joël PETRIQUE qui a été chargé de la partie numérique et électronique de gestion des données provenant de la console en direction des buffets d’orgues.

Travailler à Fourvière a toujours été pour moi une expérience exceptionnelle.

J’étais là en 1995-1996 pour la restauration du siècle et je suis encore présent aujourd’hui pour diriger ce relevage et la mise en harmonie des tuyaux. Mon attachement à cet orgue dont j’ai façonné tous les sons, relève un peu de la filiation. La situation particulière de confinement que nous vivons m’a permis d’entendre et d’apprécier les sonorités dans une Basilique vide et silencieuse ; je n’avais jamais entendu l’orgue dans de telles conditions. Ce silence m’a permis de peaufiner mon travail et d’aller encore plus loin dans la recherche d’une forme de perfection sonore. Je souhaite vivre suffisamment longtemps pour entendre encore cet orgue et ses sonorités se développer dans l’acoustique généreuse de la basilique.

Michel JURINE. Facteur d’orgues. Avril 2020.

Des mécènes engagés dans la restauration

Le coût total des rénovations s’élève à 200 000€, c’est pourquoi nous avons fait appel au soutien de nos partenaires.

Nous remercions les deux mécènes qui ont soutenu la restauration de l’orgue de Fourvière :